Chapitre 5

Les êtres co-sentients sont inégaux dès la naissance. Le meilleur type de société est celui qui fournit à chacun une chance égale de flotter à son propre niveau.

La Procédure Primaire gowachin.

 

Vers le milieu de l’après-midi, Jedrik sut qu’elle avait réussi. Le gambit avait été accepté. Un excédent d’une cinquantaine d’Humains correspondait juste à la quantité susceptible d’être saisie sans méfiance par un sous-ordre un peu gourmand. Celui qui avait pris la décision devait se représenter les possibilités de poursuivre le jeu : une dizaine par-ci, une trentaine par-là. En outre, étant donné la manière dont elle avait introduit le grain de sable ab initio, les prochaines victimes seraient en majeure partie des Humains, mais avec une proportion suffisante de Gowachins pour laisser flotter une impression de règlement de comptes.

Il ne lui était pas facile de continuer à accomplir ses tâches journalières tout en ayant conscience des mécanismes qu’elle avait mis en branle. Une chose était d’accepter l’idée de se trouver bientôt au milieu du danger. Mais quand le moment arrivait pour de bon, c’était toujours très différent. À mesure que s’accumulaient les témoignages subtils et moins subtils de sa réussite, elle ressentait avec une violence insensée les déferlements successifs des forces qu’elle avait libérées. L’instant était venu de songer aux fondements mêmes de sa puissance, aux troupes qui allaient devoir lui obéir au doigt et à l’œil, au réseau serré de communication avec la Bordure, à ses lieutenants minutieusement choisis et formés pour les tâches qu’elle leur réservait. L’instant était venu de songer à McKie et au piège qu’elle allait bientôt refermer sans bruit sur lui. Mais elle dissimulait soigneusement son triomphe derrière une façade de rage dépitée, car c’était l’émotion que tout le monde s’attendait à lire sur son visage.

La confirmation avait débuté par un léger ralentissement du rythme d’échanges de son terminal. Quelqu’un la surveillait. Celui qui avait mordu à son hameçon voulait d’abord être certain qu’elle n’était pas irremplaçable. Il ne s’agissait pas d’éliminer quelqu’un pour découvrir ensuite que cette personne était un des rouages indispensables au maintien des structures du pouvoir. Pour cette raison, elle avait bien pris soin de pratiquer son incision sanglante dans un secteur qui pouvait aisément être considéré comme non essentiel.

La microseconde de retard causée par l’intrusion du système de surveillance avait automatiquement déconnecté certains circuits susceptibles de révéler ses préparatifs. Elle n’avait pas pensé, en prenant cette précaution, que la personne qui tomberait dans son piège serait assez méfiante pour vérifier, mais elle n’avait aucunement l’intention de prendre des risques inutiles dans l’exécution de son plan. Elle retira la minuterie de sécurité et l’enferma dans une armoire où elle serait détruite en même temps que les autres pièces compromettantes si les crapauds de l’Electeur venaient fourrer leur nez ici. Le bref éclair bleu ne dépasserait pas les parois de métal qui seraient portées au rouge sang avant de se craqueler pour retomber en cendres.

Au stade suivant, les autres détournaient la tête en passant devant la porte de son bureau.

Admirable et implacable précision de la rumeur bureaucratique…

Les gestes d’ostracisme venaient avec tellement de naturel : on se tournait, au bon moment, vers un autre collègue ; on s’absorbait dans la lecture d’un document qu’on tenait à la main ; on s’éloignait d’un pas alerte, les yeux braqués vers le fond du couloir. Des affaires importantes à régler là-haut. Pas le temps de s’arrêter bavarder avec Keila Jedrik aujourd’hui.

Par le Voile Céleste ! Ce qu’ils peuvent être transparents !

Un Gowachin passa dans le couloir. Il regardait soigneusement de l’autre côté. Jedrik le connaissait : c’était l’un des espions de l’Electeur. Qu’aurait-il aujourd’hui à aller raconter à l’Electeur Broey ? Elle jeta au Gowachin un regard embrasé de jubilation secrète. Avant la tombée de la nuit, Broey connaîtrait l’identité de celui qui avait relevé le gambit ; mais l’enjeu était insuffisant pour exciter sa cupidité. Il se contenterait de classer l’information en vue d’une éventuelle utilisation ultérieure. Il était encore trop tôt pour qu’il puisse flairer une machination.

Un Humain suivait de peu le Gowachin. Il était occupé à rajuster son col et cela, naturellement, excluait qu’il tourne la tête vers le bureau de la Liaitrice Principale. Il s’appelait Drayjo. La veille encore, il avait joué à lui faire sa cour en se penchant au-dessus de ce même bureau pour faire saillir ses muscles sous le tissu fin de sa blouse grise. Quelle importance, s’il ne la voyait plus comme une conquête utile. Son visage était une porte de bois, fermée à double tour mais qui ne cachait rien.

Voile-toi la face, abruti !

Quand la lumière rouge s’alluma sur l’écran de son terminal, cela lui fit l’effet d’une brusque diminution de tension. Confirmation que son gambit avait été accepté par quelqu’un qui le regretterait bientôt. Les signes s’alignèrent sur l’écran :

« Dzz SD 222402685523ZX. »

Ce cher ZX !

Les mauvaises nouvelles avaient toujours leur propre idiome codé. Elle lut la suite du message, anticipant presque chaque nuance :

« Après consultation du Divin Mandataire, les postes surnuméraires dont la liste suit sont supprimés à partir de ce jour. Si votre écran de position affiche votre titre en italique, vous faites partie de la suppression. »

« Liaitrice Principale. »

Jedrik serra les poings dans un accès de colère simulée tout en jetant un regard foudroyant aux mots qui continuaient à défiler sur l’écran. Et voilà, c’était terminé. Dzz, ce bon vieux Double-Zéro. Par l’intermédiaire de son bras flexible, la Poldem, la Sainte Congrégation du Voile Céleste, avait encore frappé.

Nulle trace de jubilation ne franchissait le masque de son imperturbabilité dosadie. Celui qui était capable de voir au-delà du gain immédiat s’apercevrait bientôt qu’il n’y avait que des Humains qui avaient reçu le Double-Zéro en question. Pas un seul Gowachin dans la liste. Il suffisait de s’aviser de cette anomalie pour être à même de remonter la piste qu’elle avait délibérément tracée. Les indices s’accumuleraient. Elle était sûre de savoir qui interpréterait ces indices accumulés lorsque Broey en aurait besoin. Ce serait Tria. Le moment n’était pas encore venu pour Tria de soupçonner quoi que ce soit. Broey ne saurait que ce que Jedrik voulait qu’il sache. À ce moment-là, les différentes forces en présence seraient engagées dans une partie dont elle aurait elle-même édicté les règles et avant que ses partenaires aient compris la nature, du jeu il serait trop tard pour eux.

Elle comptait beaucoup sur un facteur que Broey avait baptisé « l’instabilité des masses ». Foutaises religieuses ! Les masses dosadies n’étaient instables que d’une manière bien particulière. Il suffisait d’attacher une justification consciente à leurs aspirations profondes et inconscientes pour qu’elles deviennent un système prévisible et qu’elles se lancent dans des actions prévisibles, surtout dans la mesure où une population psychotique recèle des aspirations profondes que les individus sont incapables d’affronter consciemment. Une telle population était, au demeurant, extrêmement précieuse pour les initiés. C’était l’une des raisons pour lesquelles la Poldem, avec son Divin Mandataire, était encore présente sur Dosadi. Les leviers du gouvernement étaient facilement identifiables. Il suffisait de disposer d’une voie d’accès au système, d’un endroit d’où l’on pouvait agir pour créer une nouvelle réalité.

Broey allait se croire la cible de l’attaque qu’elle avait lancée. Tant pis pour lui si c’était un imbécile !

Jedrik repoussa son fauteuil, se leva et marcha jusqu’à la fenêtre. Elle osait à peine se demander où en premier lieu ses actions seraient véritablement perçues. Elle constata machinalement que la balle du franc-tireur n’avait même pas rayé le verre des carreaux. Ces nouvelles baies vitrées étaient largement supérieures aux anciennes, qui se couvraient de marques au bout de quelques années seulement.

Elle contempla les reflets de lumière à la surface du fleuve, désireuse de préserver ce moment le plus longtemps possible.

Je ne relèverai pas la tête. Pas encore !

Celui qui avait accepté le gambit devait être en ce moment même en train de l’observer. Mais c’était trop tard. Trop tard !

Un étroit filet d’un jaune orangé irisait la surface du fleuve : la pollution lâchée par les usines des garennes. Des produits toxiques. Sans trop relever la tête, elle contempla les gradins argentés des Monts du Conseil et les stalagmites effilées des résidences de haut standing auxquelles aspiraient dans leurs rêves futiles la majorité des habitants de Chu. Des éclats de soleil jaillissaient par intermittence des globes énergétiques qui ornaient les façades des résidences. La grande meule à broyer du gouvernement appuyait son moyeu sur ces monts, bien que son mouvement eût pris naissance autre part.

Ayant prolongé son moment enrichi par l’expectative, Jedrik leva les yeux encore plus haut, vers les régions qui dominaient les monts. Là, une gaze grise striée de lignes scintillantes concrétisait la présence du Mur de Dieu qui entourait la planète et l’isolait entièrement. Le Voile Céleste avait, ainsi éclairé, son aspect habituel. Aucun changement n’était décelable à l’œil nu. Pourtant, Jedrik savait très bien ce qu’elle avait fait.

Elle connaissait l’existence d’instruments subtils qui permettaient d’observer d’autres soleils et d’autres galaxies au-delà du Mur de Dieu. Il devait exister d’innombrables autres planètes, mais Jedrik et son peuple ne connaissaient que la leur. Celui qui avait créé le Mur de Dieu veillait à ce qu’il ne pût en être autrement. Les yeux de Jedrik se mouillèrent de larmes furtives qu’elle essuya vivement d’un mouvement de rage sincère dirigée contre elle-même. Broey et ses crapauds s’imagineraient qu’ils étaient la seule cible de sa fureur. Tant mieux. C’était en leur marchant impitoyablement sur la tête qu’elle se hisserait jusqu’au terrible mur. Elle s’était juré qu’un jour plus personne sur Dosadi ne tremblerait devant les tyrans qui se cachaient dans le ciel !

Elle abaissa son regard en direction des usines et des garennes qui tapissaient au loin le paysage. Quelques murailles défensives étaient visibles à travers les fumées qui recouvraient la cité grouillante de vie. Émergeant de cette chape, les monts résidentiels avec leurs colonnes effilées semblaient faire partie du ciel et non de la terre. Même les parois évasées du canon où la cité de Chu avait élu sanctuaire n’étaient plus reliées au sol mais flottaient à une certaine hauteur du seul endroit de Dosadi où les gens pouvaient espérer survivre jusqu’à un stade de maturité raisonnable. La fumée rendait également floues les plaines de la Bordure où les Borduriers livraient contre la mort un combat sans espoir. À vingt ans, on était déjà vieux là-bas. Poussés par l’instinct de survie, les Borduriers étaient prêts à faire n’importe quoi pour se mettre sous la protection des murailles de la cité. Ils se seraient volontiers contentés, pour se nourrir, des détritus abandonnés par les habitants de Chu, car au moins ils étaient exempts des différents poisons de la planète. Ce qu’il y avait de pire sur Chu était préférable à ce qu’ils possédaient de mieux. Comme quoi la notion d’enfer est toute relative.

Je cherche à m’échapper à travers le Mur de Dieu pour les mêmes raisons qui poussent un Bordurier à s’introduire dans Chu.

Dans l’esprit de Jedrik, il y avait une courbe au tracé sinusoïdal. Plusieurs facteurs s’y trouvaient combinés : le précieux cycle alimentaire de Chu et son économie, les incursions des Borduriers, les taches qui obscurcissaient de temps à autre la surface de leur soleil voilé, les subtils mouvements planétaires, l’électricité atmosphérique, le flux gravitationnel, les variations magnétroniques, la danse des nombres dans les banques liaitrices, le jeu apparemment aléatoire des rayons cosmiques, le décalage des couleurs au contact du Mur de Dieu… sans oublier bien sûr les secousses inexpliquées qui affectaient tout le système et faisaient l’objet de son attention la plus concentrée. Les secousses en question ne pouvaient avoir qu’une seule source : une intelligence manipulatrice située en dehors de l’influence planétaire dosadie. Cette force, baptisée « X », elle l’avait déjà décomposée en plusieurs éléments. L’un d’eux était une simulation de l’Electeur Broey qu’elle avait fermement ancrée dans sa tête sans avoir besoin, pour la lire, de l’aide d’aucune machine. « X » et ses composants étaient, dans ses diagrammes mentaux, aussi réels que n’importe quoi d’autre. Grâce à leurs interactions elle était capable de les lire parfaitement.

Jedrik s’adressa silencieusement à « X » :

Par tes actions je te connais et je sais que tu es vulnérable.

Malgré les boniments de la Sainte Congrégation, Jedrik et ses proches savaient que le Mur de Dieu avait été mis là dans un dessein précis. C’était le même dessein qui faisait affluer les Borduriers à Chu et obligeait les gens à s’entasser dans un espace minuscule faute de pouvoir trouver un sanctuaire autre part. C’était le même dessein qui avait conduit à l’existence d’individus dotés de l’effroyable capacité d’échanger des vies contre des vies… des Gowachins et des Humains. Un grand nombre d’indices se révélaient autour d’elle, ou bien tombaient du ciel par l’intermédiaire de cette clarté opaque, mais elle se refusait pour l’instant à les rassembler pour en faire un tout cohérent. Il était encore trop tôt.

J’ai besoin de ce McKie !

Avec une ténacité dont Jedrik était la digne héritière, ses proches avaient acquis la certitude que les régions situées au-delà de la barrière céleste n’étaient ni l’enfer ni le paradis. L’enfer, c’était Dosadi. Un enfer créé de toute pièces.

Bientôt… très bientôt… nous saurons enfin.

Il avait fallu un peu moins de neuf générations dosadies pour préparer ce moment en sélectionnant soigneusement les individus destinés à fournir l’arme ultime, la seule qui eût des chances, à force d’eugénisme et d’entraînement spécialisé, de réunir dans un corps de chair les talents nécessaires pour lancer contre « X » une offensive victorieuse. Sans compter tout le reste : les rumeurs chuchotées, les remarques inaperçues dans des publications clandestines, l’aide discrète apportée à certains individus qui professaient certaines opinions, l’élimination de ceux dont les conceptions pouvaient être gênantes, l’édification d’un réseau de communication entre les garennes et la Bordure, la lente constitution dans le plus grand secret d’une force armée capable de faire pencher à son profit la balance du pouvoir dosadi… tout cela, entre autres, avait frayé la voie aux instructions codées qu’elle avait introduites dans son terminal. Aujourd’hui, ceux qui semblaient manipuler les Dosadis comme des marionnettes pouvaient être démasqués de différentes manières et – visibles ou invisibles – suivaient leur chemin qui ne correspondait pas à celui de Jedrik.

De nouveau, elle leva les yeux vers le Mur de Dieu.

Vous, là-haut ! Keila Jedrik sait où vous vous cachez ! Elle sait que vous pouvez être manipulés, piégés, vous aussi. Vous êtes lents et stupides. Vous croyez que je ne saurai pas me servir de votre McKie ? Écoutez-moi bien, démons du ciel ! McKie écartera pour moi le voile qui vous sert à vous dissimuler. Ma vie est un courroux et vous êtes les objets de ce courroux. J’ose accomplir ce que vous n’êtes pas capables de concevoir.

Rien de toutes ces pensées ne se révélait ni sur son visage ni dans les mouvements de son corps.

Dosadi
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